En bref
Dans un article célèbre « L’art en action » (traduction française dans COMETTI Jean-Pierre, MORIZOT Jacques et POUIVET Roger (dir.), Esthétique contemporaine, Paris, Vrin, 2005), Nelson Goodman a introduit la notion d’activation des œuvres d’art. L’important dit-il n’est pas tant ce que les œuvres sont, mais ce qu’elles font. Faire, pour une œuvre, c’est fonctionner symboliquement et esthétiquement dans des espaces et dans des lieux. Mais comment est-il possible aux œuvres de faire voire d’agir ? Quels modes de compréhension et quels usages des œuvres sont requises pour cette activation ? Pour examiner ces questions, il est important d’étudier des pratiques artistiques et des usages esthétiques, mais aussi tout un ensemble d’opérations sans lesquelles les œuvres ne fonctionnent pas – voir n’existent pas comme ce qu’elles sont. Par exemple :
- s’agissant de la musique, son enregistrement n’est que rarement une pratique neutre de captation ; l’enregistrement « active » la musique, s’il n’est pas même l’instrument privilégié de sa production.
- que signifie pour une œuvre chorégraphique qu’elle soit filmée ? et aujourd’hui, finalement, le mode d’accès à la danse est principalement celui-là !
- la restauration des œuvres est aussi une activation, mais elle peut aussi les désactiver ou les métamorphoser en autre chose, leur identité.
- et qu'en est-il de la classification des œuvres littéraires dans les bibliothèques et aujourd’hui dans les banques de données ?
Tels sont certains phénomènes que ce groupe de travail se propose d’examiner, comme, en vrac le concert et le spectacle, la mode vestimentaire, l’art des jardins…
Ce travail comprend une approche théorique, à la fois ontologique (identité et identification des œuvres d’art) et métaphysique (nature des œuvres d’art, qu’elles soient considérées génériquement ou en fonction d’arts différents, voire de pratiques artistiques diverses). Il comprendra aussi une approche d’application aux différents arts, voire à des œuvres précises. Cette démarche, poursuivie par ce groupe de travail, vise à un renouvellement de la réflexion en philosophie de l’art, à partir de Nelson Goodman, mais dans une perspective interrogative plutôt qu’exégétique. Comment les œuvres d’art sont-elles actives alors même qu’elles ne sont pas des êtres vivants capables d’action ? – telle est la question fondamentale dont les réponses seront explorées.
Ce groupe de travail sur la thématique « L’activation artistique » ambitionne de répondre ainsi à un aspect d'un champ de recherche plus large qu'est « L'art en action »