En bref
Ce groupe de travail cherche à explorer, à décrire et à discuter les stratégies d’artistes contemporains qui installent des collaborations avec des acteurs non humains, tels que des bactéries, des insectes ou d’autres animaux. De telles démarches se développent de plus en plus à mesure que la prise de conscience écologique se répand aussi dans le monde de l’art.
Les stratégies artistiques ici en question ne sont pas limitées à une discipline artistique ; au contraire, par exemple chez Tomas Saraceno, les installations sont autant visuelles que sonores et musicales. Agnes Meyer-Brandis, est l’auteur d’installations poético-scientifiques. Des propositions d’Andreas Greiner combinent des aspects performatifs et agricoles. Jeanette Schäring propose une démarche visuelle et poétique. Pierre Huyghe, dans son installation de la Dokumenta 13 (2012) dans la station de compostage du parc, proposait une rencontre avec plusieurs rythmes vitaux, d’un chien, d’un essaim d’abeilles, d’un compost en décomposition. On pourrait continuer la liste longtemps.
Atravers l’usage et l’articulation de différents médias et langages, il s’agit d’examiner comment l’implication des acteurs non-humains contribue à la structure spatio-temporelle des œuvres. Du point de vue du spectateur, l’enjeu est de saisir le potentiel de transformation de ces œuvres par l’expérience de l’entrelacement des rythmes vitaux. En mettant en scène visuellement la diversité des rythmes, les artistes donnent lieu en effet à une expérience de relativisation des rythmes humains et parfois d’hybridation possible avec des non-humains. Quelle est l’incidence de telles expériences sur la conscience de soi des spectateurs et sur leur sensibilité à l’égard des autres vivants ?
Les stratégies de collaboration avec d’autres vivants que les humains posent la question de la correspondance ou de la dissonance des rythmes humains et des rythmes des autres vivants. L’œuvre est le lieu de cette rencontre des rythmes, et sa structure et son efficacité sont liés à la forme de cette rencontre, son accordage. Cette perspective donne la clé pour analyser les œuvres et saisir leur structure et leur déploiement propre dans une durée par nature imprévisible. Les rythmes des différents vivants dessinent également des formes de spatialité différentes en fonction de leur manière de faire l’expérience du monde. Un questionnement essentiel concerne en effet l’espace dans lequel se déploie l’œuvre (espace humain et non-humain) et la manière dont ces espaces hétérogènes s’articulent les uns avec les autres.
Ce groupe de travail sur la thématique « La résonance des rythmes, entre esthétique, arts plastiques et biologie » ambitionne de répondre ainsi à un aspect d'un champ de recherche plus large qu'est « L'art en action ».