En bref
Ce groupe de travail cherche à étudier les pratiques et les valeurs qui sous-tendent les choix de conception derrière les divers logiciels et applications qui composent notre environnement numérique. Il s’agit notamment de comprendre le rôle que certains outils numériques, des plus complexes (logiciels de création, IA) aux plus simples (templates de création, icônes) impactent les environnements numériques et les activités qui s’y déploient. Il s’agira également d’étudier les choix de conception qui mènent à un numérique dépassant ou s’inscrivant dans les limites planétaires.
Deux grandes perspectives sont envisagées pour explorer cette thématique :
- l'étude des outils numériques de création, c'est-à-dire des outils qui façonnent les environnements numériques et leurs effets. Ces dernières années, le paysages des outils numérique façonnant les environnements numériques a radicalement évolué. De nouveaux logiciels de création sont venus outillés les designers qui créent les logiciels, applications et sites web. L’intelligence artificielle s’est largement démocratisée et prend une place de plus en plus importante dans les pratiques des professionnels comme des amateurs. Certains outils numériques invisibles mais prépondérants comme les templates se sont également reconfigurés et démocratisés avec des plateformes permettant à tout le monde de mettre en page graphiquement ses contenus sur les réseaux sociaux. Comment ces transformations affectent-elles les formes, affordances et usages du numérique ? Comment participent-elles à l’homogénéisation et la standardisation du design ?
- l'étude des limites numériques, c'est-à-dire des choix de conception qui mènent à des environnements numériques (in)soutenables écologiquement et leurs effets. Alors que le numérique a longtemps été présenté comme immatériel, son impact environnemental va croissant. Sa trajectoire en terme de croissance et d’impacts (effet de serre, pollution de l’eau, épuisement des ressources abiotiques etc) va à rebours des engagements des Accords de Paris et participe au dépassement des limites planétaires. Les acteurs du numériques ont très tôt cherché à optimiser les infrastructures et limiter leur impact. La majorité de ces travaux se sont focalisés sur l’optimisation des réseaux et des datacenters. Cette approche centrée sur les infrastructures, bien que nécessaire, ne peut répondre seule aux enjeux, car elle produit souvent des effets rebonds. Les gains d’efficacité sont gommés par une augmentation de la consommation, c’est ce que Preist et al. nomment le « paradigme de la corne d’abondance » : une boucle de rétroaction où la demande des utilisateurs et des entreprises pour des services plus intensif en calcul et en données mène à l’achat d’appareils toujours plus performants et à l’extension des capacités des infrastructures qui en retour favorisent le développement d’usages encore plus intensifs. Ces nouveaux usages provoquent alors un renouvellement matériel, qui compte pour majeure partie dans l’impact global du numérique. C’est particulièrement le cas au niveau des smartphones et ordinateurs dont la durée de vie est courte. Le projet Limites Numériques aborde la problématique de l’impact environnemental du numérique par les usages et le design des services numériques et interactifs. Nous nous intéressons aux formes graphiques, aux fonctions, aux interactions et aux usages mais aussi aux milieux techniques qui influent directement ou indirectement sur l’obsolescence des terminaux. Nous mettons en forme un numérique contraint par les limites planétaires. Nous regardons aussi comment ce choix transforme nos pratiques de travail et de conception. Comment accompagner, négocier, outiller voire même renoncer.
Ce groupe de travail sur la thématique « Design des environnements numériques » ambitionne de répondre ainsi à un aspect d'un champ de recherche plus large qu'est « L'art dans l'espace virtuel ».