1. La résonance des rythmes, entre esthétique, arts plastiques et biologie
Le groupe de travail « La résonance des rythmes » cherche à explorer, à décrire et à discuter les stratégies d’artistes contemporains qui installent des collaborations avec des acteurs non humains, tels que des bactéries, des insectes ou d’autres animaux. De telles démarches se développent de plus en plus à mesure que la prise de conscience écologique se répand aussi dans le monde de l’art. A travers l’usage et l’articulation de différents médias et langages, il s’agit d’examiner comment l’implication des acteurs non-humains contribue à la structure spatio-temporelle des œuvres. Les stratégies de collaboration avec d’autres vivants que les humains posent la question de la correspondance ou de la dissonance des rythmes humains et des rythmes des autres vivants. L’œuvre est le lieu de cette rencontre des rythmes, et sa structure et son efficacité sont liés à la forme de cette rencontre, son accordage. Cette perspective donne la clé pour analyser les œuvres et saisir leur structure et leur déploiement propre dans une durée par nature imprévisible. Les rythmes des différents vivants dessinent également des formes de spatialité différentes en fonction de leur manière de faire l’expérience du monde. Un questionnement essentiel concerne en effet l’espace dans lequel se déploie l’œuvre (espace humain et non-humain) et la manière dont ces espaces hétérogènes s’articulent les uns avec les autres.
2. L'activation artistique
Dans un article célèbre « L’art en action » (traduction française dans COMETTI Jean-Pierre, MORIZOT Jacques et POUIVET Roger (dir.), Esthétique contemporaine, Paris, Vrin, 2005), Nelson Goodman a introduit la notion d’activation des œuvres d’art. L’important dit-il n’est pas tant ce que les œuvres sont, mais ce qu’elles font. Faire, pour une œuvre, c’est fonctionner symboliquement et esthétiquement dans des espaces et dans des lieux. Mais comment est-il possible aux œuvres de faire voire d’agir ? Quels modes de compréhension et quels usages des œuvres sont requises pour cette activation ? Pour examiner ces questions, il est important d’étudier des pratiques artistiques et des usages esthétiques, mais aussi tout un ensemble d’opérations sans lesquelles les œuvres ne fonctionnent pas – voir n’existent pas comme ce qu’elles sont.
Ce travail comprend une approche théorique, à la fois ontologique (identité et identification des œuvres d’art) et métaphysique (nature des œuvres d’art, qu’elles soient considérées génériquement ou en fonction d’arts différents, voire de pratiques artistiques diverses). Il comprendra aussi une approche d’application aux différents arts, voire à des œuvres précises. Cette démarche, poursuivie par le groupe de travail « Nelson Goodman et l'activation artistique », vise à un renouvellement de la réflexion en philosophie de l’art, à partir de Nelson Goodman, mais dans une perspective interrogative plutôt qu’exégétique. Comment les œuvres d’art sont-elles actives alors même qu’elles ne sont pas des êtres vivants capables d’action ? – telle est la question fondamentale dont les réponses seront explorées.
3. Culture audiovisuelle des féminismes en écologie
Le groupe de travail « Culture audiovisuelle des féminismes en écologie » propose de mener des recherches à partir d’un corpus de productions audiovisuelles incluant les expériences féministes aux problématiques écologistes, et de travailler à partir de l’épistémologie d’une approche écologique des images dans le champ des visual ecologies studies. L’enjeu est de produire des connaissances sur le rôle et le statut des images (visuelles et sonores) issues de la culture populaire et des séries télévisées dès lors qu’il s’agit de représenter l’implication des femmes dans les questions écologiques. Bien qu’elles soient en permanence banalisées au quotidien, vectrices de valeurs et de discours, les images audiovisuelles possèdent une dimension pédagogique (Laugier, 2019). En plus de nous éduquer, elles engagent le public dans un processus réflexif impliquant le développement de véritables compétences d’auto-évaluation (Suma, 2024). Ce phénomène peut concrètement conduire à une prise de conscience, notamment à propos des questions environnementales. Il s’agit alors de décrire et d’analyser la portée des images audiovisuelles incarnant des pratiques écologiques féministes, mais également de mieux comprendre les engagements politiques des femmes au quotidien depuis au moins 70 ans (histoire et luttes écoféministes). L’objectif du groupe de travail vise ainsi à enrichir une étude approfondie des représentations de pratiques écoféministes et des rapports entre les féminismes, la nature et l’écologie dans la culture populaire (séries télévisées).