Projet Praetorius depuis 2022

En bref

     Michael Praetorius (1571-1621) appartient à cette génération de compositeurs luthériens qui ont acclimaté, dans les pays de langue allemande, le style italien. Cependant, il se distingue par la richesse des indications d’interprétation qu’il nous a laissées dans son traité intitulé Syntagma musicum (1619) et dans ses nombreuses préfaces en cours de traduction par Carola Hertel.

     A l’initiative de Jean-Christophe Revel, organiste et directeur du département de musique ancienne du CRR de Paris, Carola Hertel et Gérard Geay ont entrepris la traduction de la préface du Puericinium (1621) de Michael Praetorius (1571-1621), un recueil de geistliche Concert-Gesänge, la version germanique des concerti ecclesiastici qui se sont développés en Italie au tournant des XVIe et XVIIe siècles.

     Cette préface, complétée des renvois à d’autres préfaces et au troisième volume du traité intitulé  Syntagma musicum (1619), nous renseigne sur la pratique de la musique avec une précision dans les détails sans doute unique dans l’histoire de la musique. En effet, Praetorius décrit toutes les solutions afin que les plus petites paroisses puissent exécuter ses œuvres qui pourtant nécessitent, à l’instar de la musique vénitienne dont il s’inspire, des effectifs importants : comment remplacer une voix par une autre, une voix par un instrument, un instrument par une voix, supprimer des parties sans que l’essentiel de la musique n’en soit altéré, ajouter des diminutions à une partie simpliciter, etc.

     Reprenant, dans son propre traité, les exemples du tout premier traité consacré au jeu sur la basse, Del suonare sopra il basso con tutti stromenti & uso loro nel conserto, publié à Sienne en 1607 par le compositeur Agostino Agazzari (1578-1640), il développe longuement, dans la préface du Puericinium comme dans le Syntagma musicum, ses vues sur la pratique de la réalisation de l’accompagnement, particulièrement à l’orgue.

     Ce groupe souhaite organiser des séminaires et des masterclasses consacrés à l’interprétation « historiquement informée » d’œuvres allemandes et italiennes autant que possible publiées à Strasbourg du vivant de Praetorius,  en étroite relation avec des professeurs du département de musique ancienne et des musiciens professionnels, et articule ce projet selon trois axes :

  • la lecture et l'interprétation des sources originales imprimées ;
  • la réalisation de la basse continue ;
  • la diminutions et ornementations.

     Dans le cadre des masterclasses, il s’agira de confronter les étudiants et les élèves aux matériels originaux, imprimés principalement à Strasbourg, plutôt que de jouer sur des éditions modernes comme cela se fait quotidiennement, afin de mieux comprendre la conception des œuvres replacées dans leur contexte. Loin de se contenter de jouer « ce qui est écrit », les interprètes seront initier à l’art de l’ornementation rarement notée à cette époque. En l'église Sainte-Aurélie, seront étudiés la disposition des musiciens dans une église lors d’une cérémonie religieuse – qui n’est pas un concert – et leur relation avec le grand orgue, alors que, dans les concerts, on utilise généralement un petit orgue positif. Enfin, la manière de jouer l’accompagnement non seulement aux claviers, mais aussi sur tout instrument qui en est susceptible, permettra une initiation à l’improvisation.

     Ce groupe de travail sur la thématique « L’interprétation de la musique allemande italianisante au début du XVIIe siècle » ambitionne de répondre ainsi à un aspect d'un champ de recherche plus large qu'est le « Processus de création en musique ».

Participants

     Membres du CREAA

  • Gérard Geay (coordinateur)
  • Carola Hertel

     Collaborateurs extérieurs

  • William DongoisCornettiste et enseignant de cornet et d’improvisation au Centre de Musique Ancienne de Genève, Suisse
  • Renata DuarteResponsable du département de musique ancienne du Conservatoire de Strasbourg
  • Jean-Christophe Revelorganiste, chef du département de musique ancienne du Conservatoire de Paris

Projets

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Conservatoire de Strasbourg
CDMC