Les projets visent à comprendre l’articulation entre l’acte artistique et les lieux publics, dans une approche diachronique. Les espaces publics, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs, sont ainsi considérés comme lieux de la fabrique du sonore, au sens où les arts constitutifs de la performance entrent en interaction avec l’architecture et l’urbanisme, comme lieux physiques de diffusion du son et symboliques de l’expression d’un pouvoir. Cette mise en contexte de l’acte artistique au sein des paysages sonores est constitutive d’une identité culturelle que l’on peut étudier à différentes époques. Pour appréhender ce champ de recherche, trois thématiques ont été mises en exergue et sont étudiées par plusieurs groupes de travail.
1. Les places publiques antiques comme lieux de production artistique : artisanat et exécution
Le groupe de travail « Les places publiques antiques comme lieux de production artistique » aborde la thématique des places publiques antiques sous les angles complémentaires :
- de l’artisanat, en constituant une base de données de vestiges d’instruments de musique antiques ;
- et de l’exécution, en replaçant les propriétés acoustiques des instruments dans le cadre urbain des cultures antiques.
2. Place et cour comme lieux d'inscription de l'acte artistique dans un espace sonorisé
Le groupe de travail « Felsina resonans : musiques et spectacles dans la Piazza Maggiore de Bologne / Les sons de Gonzague : musiques et spectacles à la cour mantouenne » aborde cette thématique par l'étude des rapports multiples entre musique et espace urbain de la Renaissance à la fin de l’époque baroque, au prisme des situations des villes d’Italie du Nord que sont Bologne et Mantoue, à la fois complémentaires et antithétiques. D’un côté, la « place » de Bologne est étudiée comme expression du lieu public par antonomase, de l’autre, la « cour » de Mantoue comme représentation architecturale du pouvoir.
3. Musique urbaine et espaces non-urbains
Le phénomène d’interaction entre espace urbain et paysage sonore peut être confronté à son antithèse, c’est-à-dire une musique d’origine urbaine qui se tourne vers les espaces non-urbains. Afin d'illustrer cette antithèse, le groupe de travail « Espaces urbains et espaces non-urbains : les musiques du Nord » s'est constitué pour étudier plus spécifiquement le cas du boréalisme qui s'immisce intentionnellement ou non dans les œuvres nordiques (par exemple, dans la musique islandaise, chez Björk, Sigur Rós, Kaleo, Ásgeir, Of Monsters And Men...). Le boréalisme, porteur d’un imaginaire du Nord se traduisant par une nature vierge et aride, une utopie d'une relation fusionnelle de l’humain et de la nature, une persistance des croyances païennes, est en principe défini avant tout de manière exogène (à la manière de l'orientalisme, qui imprime des imaginaires développés par l'Occident sur l'Orient), mais est aussi dans ce cas relayé de manière endogène (et ce faisant, l'est-il comme un calque ou de manière actualisée, c'est-à-dire réinvestie, redéfinie de l'intérieur ? cela reste à découvrir).