Claude Debussy n’est pas habituellement un compositeur dont on associe la production musicale à l’humour. Pourtant, nous sommes convaincu qu’il existe un Debussy humoriste, trop souvent oublié, qu’il est nécessaire de réhabiliter afin d’obtenir une image plus fidèle de son œuvre, où l’humour serait partie prenante.
On considère le plus souvent ce compositeur comme l’un des plus importants représentants de l’impressionnisme en musique, courant peu propice à l’expression du comique. Pourtant, Debussy se défendait d’appartenir à ce mouvement, et Stefan Jarocinski considère avec raison que réduire Debussy à l’impressionnisme revient à occulter toute une partie de sa production se rapprochant plutôt du symbolisme.
Mais qu’on le positionne sur le terrain, impressionniste, du flou, de l’indéterminé et de la couleur, ou sur celui, symboliste, des correspondances, du mystère et de l’imaginaire, Debussy se voit toujours irrémédiablement séparé de sa muse comique. Ce ne sont pas les compositeurs sériels de l’après- 1945 qui favoriseront leurs retrouvailles. Soucieux de justifier le bien-fondé de leurs travaux par une relecture sélective et orientée de leurs prédécesseurs, ceux-ci feront de Debussy l’un des précurseurs de la modernité, notamment dans sa période de maturité, dont quelques œuvres font l’objet d’une attention particulière...