Conférence de Sabine Terret-Vergnaud « Les Ballets suédois, quelle identité culturelle? » 7 avril 2023

Résumé

     Durant les années vingt, s’implante face aux célèbres Ballets russes, une compagnie scandinave qui est rapidement considérée par les critiques et le public averti de l’époque comme sa principale concurrente. Pendant ses cinq années d’existence (1920-1925), les Ballets suédois, créés par Rolf de Maré et son chorégraphe Jean Börlin contribuent à hisser le ballet au niveau des autres arts. Alors qu’il est mandaté par de Maré pour acheter le bail du Théâtre des Champs-Elysées pour sept ans, Jacques Hébertot, secrétaire général, revient sur la dénomination de la compagnie dans sa lettre du 3 septembre 1920 : « Je comprends très bien que le titre de Ballets scandinaves ne vaut pas grand-chose et c’est pourquoi j’avais proposé Ballets suédois ; cette formule a l’avantage d’être courte et d’être assez sympathique au public, la Suède devant être la saison prochaine excessivement à la mode » (dans ANDRIEU-GUITRANCOURT, Antoine, BOUILLON, Serge, Jacques Hébertot le magnifique, Paris-Bibliothèques Fondation Hébertot, 2006, p. 47.).

     Le nom de la compagnie est-il uniquement fixé sur un effet de mode plutôt que sur l’affirmation d’une identité culturelle ?  Ces propos ne résument-ils pas justement toute l’ambiguïté identitaire de cette compagnie ? En effet, Rolf de Maré ne voulait-il pas créer une troupe qui soit « capable non seulement d’exécuter [leurs] danses nationales, mais, poussant plus loin sa science […] de traduire plastiquement les émotions des artistes » (MARE, Rolf (de), « Naissance et évolution de Ballets suédois », Les Ballets suédois dans l’art contemporain, Paris, Trianon, 1931, p. 26.) ?

     Avec l’appui des correspondances et témoignages des différents protagonistes de cette aventure suédoise, nous retraceront la genèse de la constitution de cette compagnie. Il s’agira ensuite de s’interroger d’un point de vu musical et scénique sur la place et le rôle de la tradition culturelle suédoise à travers l’étude de la programmation de de la compagnie.

Biographie

     Agrégée et docteure en musicologie, membre associé au laboratoire Passages Arts et littératures XX-XXI (UR 4160) à l'Université Lyon 2, Sabine Terret-Vergnaud est enseignante au département de musique et musicologie à l’université Lyon 2 et responsable du master MEEF Education musicale et chant choral. Ses recherches portent sur l'étude du point de vue musicologique, de la corrélation entre musiques, textes, théâtre, décors, costumes, gestes dans les œuvres musicales scéniques en France durant la première moitié du XXe siècle.

     Elle a publié plusieurs articles (« Quand les Ballets russes s’emparent du Carnaval de Schumann », Musicologies nouvelles 12, Lyon, Lugdivines, 2022, p. 76-87 ; « Le cas des Ritournelles de Georges Auric, illustration d’une conception simultanée de l’écriture musicale et théâtrale des mariés de la Tour Eiffel », dans CARENCO Céline Carenco, DAMON-GUILLOT Anne, BRANGER Jean-Christophe, FARGETON Pierre (dir.), Une musicologie entre textes et arts, Hommages à Béatrice Ramaut-Chevassus et Alban Ramaut, Paris, Hermann, 2021, p. 165-188) et dispensé plusieurs communications dans des colloques ou journées d'études (dans le séminaire Figure(s) sur fond, acte VII, laboratoire Passages XX-XXI, à l'Université Lyon 2 [24 novembre 2022], la journée d'études L’imaginaire du nord dans les arts à l'Université Clermont Auvergne [11 juin 2021], une table ronde sur l’axe Diversité des approches de la musique au cinéma et des arts numériques lors de la 1ère édition du Congrès biennal de la Société française de musicologie à Lyon [14 octobre 2021]).

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