Cette conférence se donne pour objectif d’examiner dans quelle mesure les principes de l’analyse de scène auditive (Bregman, 1990), une branche de la psychologie de la musique, peuvent être exploités dans le cadre d’une approche perceptive de l’analyse musicale. L’ASA cherche comprendre comment le cerveau tire parti des propriétés acoustiques pour distinguer les sources sonores et former des flux auditifs. McAdams (2015) distingue trois types de groupement impliqués dans la formation d’une scène auditive :
- le groupement simultané qui permet d’organiser la scène sonore en événements distincts ;
- le groupement séquentiel qui a pour tâche d’intégrer en flux auditifs les événements successifs ;
- le groupement segmental qui sert à découper les flux d’événements en unités plus grandes (motifs et phrases).
Afin de réaliser les processus de groupement, le système auditif utilise de façon heuristique un certain nombre d’indices acoustiques. Les recherches en ASA ont eu plusieurs implications technologiques, notamment pour la mise au point du codage du MP3 et pour l’amélioration des performances de transduction des implants cochléaires. Quelles pourrait être la contribution de l’ASA à une approche perceptive de l’analyse musicale ? Dans quelle mesure l’ASA peut-elle contribuer à une meilleure compréhension des enjeux perceptifs de l’œuvre ? Philippe Lalitte tentera de répondre à ces questions en prenant en compte trois domaines analytiques : l’orchestration, l’interprétation et l’enregistrement.