Au fil de ses albums dont les modes de diffusion se renouvellent constamment et intègrent les technologies les plus récentes à sa disposition, Björk développe et approfondit une philosophie qui consiste à mettre à bas les conceptions qui opposent l’humain au vivant, le vivant à la technologie, et la pureté à l’hybridation.
L’album Biophilia (2011), à ce jour son projet le plus ambitieux, a pour but de réaliser la fusion entre la nature et la technologie, mais aussi de surmonter les frontières physiques et culturelles. Pour ce faire, en plus de collaborer avec des scientifiques, des ingénieurs, des musiciens, une musicologue, un naturaliste et des pédagogues, elle recourt à une nouvelle facture instrumentale, une nouvelle forme de notation musicale, et surtout de nouveaux procédés de création interactive, puisqu’il s’agit du premier app-album. À bien des égards, Biophilia est une œuvre d’art totale, reposant aussi bien une synthèse des arts – une œuvre-monde –, que sur la formulation de l’utopie d’une transformation fondamentale de la société.