Du 29 avril au 5 mai 2024
De 9h00 à 20h00
Abbaye de Noirlac
18200 Bruère-Allichamps
Entrée sur inscription
Résidence organisée par Géraldine GAUDEFROY-DEMOMBYNES et Sylvain PERROT, avec le soutien du CREAA et de l'UR 7044 ArcHiMèdE (Université de Strasbourg), dans le cadre du groupe de travail « Les places publiques antiques comme lieux de production artistique ».
La résidence de chercheurs et d'artistes à l'Abbaye de Noirlac, dirigée par Géraldine Gaudefroy-Demombynes et Sylvain Perrot, soutenue à la fois par le centre culturel de l'Abbaye de Noirlac et par le laboratoire ITI CREAA de Strasbourg, a pour objet de parler, chanter, voir et lire les œuvres de Sainte Hildegarde de Bingen, moniale allemande, ayant vécu au Moyen Âge (1098, à Bermersheim vor der Hohe – 1179, à Rupertsberg) et touche ainsi à une multitude de sujets. Abbesse bénédictine, Hildegarde de Bingen menait la vie d'une religieuse mais également celle d’une botaniste qui cultivait les plantes du potager mais aussi médicinales, car elle était médecin et thaumaturge, célèbre à son époque. Elle militait pour que l’apport des femmes à la science soit reconnu comme un bienfait nécessaire et complémentaire de l'activité masculine. Elle était aussi poétesse et musicienne, compositrice de chants qui résonnaient dans les Abbatiales de Rupertsberg et Eibingen, malheureusement détruites. En ce début du troisième millénaire, nous pouvons les entendre régulièrement en l’abbatiale de Moissac, grâce au chœur Organum et ils résonneront prochainement en l’abbatiale de Noirlac lors de la résidence, puis lors du concert de l'ensemble Organum conduit par le chef de chœur et musicologue Marcel Pérès. Pourquoi là, plutôt qu’ailleurs ? C’est une histoire d’architecture car les Abbayes médiévales et leurs églises sont conçues pour mettre en valeur les voix de moines et/ou des religieuses qui y chantent plus de 8h par jour, sans les épuiser. Elles possèdent des propriétés acoustiques spécifiques pour favoriser ces activités, et l'Abbaye cistercienne de Noirlac, fondée en 1136 à destination de moines et de convers, restaurée au XVIIIe s., est particulièrement intéressante puisque son église possède un écho qui dure plus de 9 secondes, créant ainsi des effets inattendus de polyphonie à une époque où cette notion n'était pas encore définie comme telle. Il est prévu pour de prochaines missions de s'intéresser aussi à d'autres abbayes destinées aux femmes et de ce fait moins réverbérantes puisque construites sur un autre modèle architectural, dépourvu de voutes. Le premier objectif de la résidence de Noirlac est donc d'étudier les propriétés de ce lieu exceptionnel, en le confrontant aux superbes voix des chanteuses de l'ensemble Organum. Il est aussi prévu d'analyser ces chants si mystérieux, de diverses manières (musicale, phonétique, acoustique, etc) et de mesurer leurs effets sur le vivant, l’humain. Cela implique d'enquêter sur les ressentis et les émotions musicales des chanteurs et des auditeurs de ces chants, pour mieux en comprendre les effets. Peuvent-ils apporter la sérénité et le soulagement à l’homme souffrant, face à ses douleurs physiques, psychiques et spirituelles et sont-ils alors des chants de guérison du corps, de l’âme et de l’esprit ? Pour réfléchir sur ce triple objectif, acoustico-architectural, humain et environnemental, on a constitué une équipe pluri- et interdisciplinaire de chercheurs : musicologues et musiciens (compositeurs, instrumentistes), philosophes, anthropologues, historiens, biographes, linguistes, physiciens/ acousticiens, médecins, psychologues, psychiatres, neuropsychologues, musicothérapeutes. Le projet scientifique s'accompagnait d'un projet artistique, consistant en la réalisation d'un film documentant les diverses expériences.