Colloque « Le silence du mainstream : réflexions sur les musiques que tout le monde écoute mais dont personne ne parle (vraiment) » 1er et 2 décembre 2022

En bref

 

Du 1er au 2 décembre 2022
de 9h30 à 18h00

Nouveau Patio (université de Strasbourg)
20a rue René Descartes, 67000 Strasbourg
amphithéâtre Alain Beretz

Entrée libre

 

     Colloque organisé par Elsa GRASSY et Isabelle MARC, avec le soutien du CREAA, de l'UR 2325 SEARCH et de la Branche francophone d'Europe de l'International Association for the Study of Popular Music (IASPM bfe), dans le cadre du groupe de travail « Musique et intermédialité dans le cyberespace ».

     Choisie ou subie, la musique nous accompagne en continu, dans les évènements extraordinaires comme dans les pratiques les plus banales de notre existence. En ce sens, la recherche s’est intéressée aux usages de la musique dans la vie quotidienne, notamment en lien avec les technologies de reproduction sonore et avec les pratiques de socialisation (DeNora 2011, Kassabian, Boschi et García Quiñones 2013). Or, la critique, qu’elle soit académique ou journalistique, notamment en France, ne s’est penchée que très rarement sur les musiques majoritaires ou mainstream du point de vue de leurs enjeux esthétiques et sociaux (Pirenne 2021), reproduisant ainsi, au sein de l’étude des musiques « populaires » la hiérarchie esthétique ou axiologique qui existait entre musiques savantes et populaires. En effet, la plupart des travaux critiques portent sur les musiques considérées comme innovantes, porteuses d’un message subversif ou d’un capital subculturel ou faisant preuve d’une nouveauté « formelle » quelconque, relayant donc l’idéologie de la modernité au sens de progrès et de dépassement des formes « banales ». C’est ainsi que la majorité des musiques réellement écoutées, celles qui figurent en tête de classements de ventes ou de streaming, celles qui parlent à des millions d’êtres humains à travers le monde, sont à peine mentionnées par la critique. Elles sont, de fait, silencées, effacées du discours critique alors qu’elles dominent l’écoute.

     Partant du constat que des musiques définies à l’origine par leur popularité et leur ancrage dans l’économie de marché sont sous-représentées dans les manifestations scientifiques, ces journées d’étude se proposent de considérer les musiques majoritaires précisément pour ce qui en fait le mainstream musical, du point de vue de l’esthétique et des représentations qui leur sont attachées. Nous chercherons donc en premier lieu à identifier et à décrire ces musiques dans leurs contextes culturels, à les analyser, dans leur banalité et leur complexité, et à en interroger les mécanismes de production, diffusion et réception spécifiques. Nous souhaitons également comprendre pourquoi ces musiques, et leurs publics, font l’objet d’un tel silence, voire d’un tel dénigrement, dans les discours académiques et non académiques, hormis quelques exceptions (Wilson 2014, Steinbrecher 2021). Pourquoi la force quantitative du populaire tend-elle à être discréditée comme indice du vulgaire, et la perception de l'ordinaire basculer vers la dénonciation de l'abject ?

Musées de la Ville de Strasbourg
Opéra National du Rhin
Conservatoire de Strasbourg
CDMC